Le bonheur est dans le bazar

“Less is more”, disent les minimalistes. “Débarrassez-vous du superflu !”, nous intiment les ascètes. “Bureau bien rangé, cerveau bien ordonné”, serinent les maniaques. Et si, au contraire, notre joyeux foutoir était une ode au bien-être, voire au lâcher-prise ? Qui a dit que ranger, trier, jeter, classer, alléger, était un passage obligé ? Arrivé à un certain âge, on peut tout bonnement avoir envie de s’entourer d’un décor fait de repères bienfaisants. La preuve avec ces 4 cris du cœur qui donnent raison aux (bienheureux) bordéliques… Vous y reconnaîtrez-vous ?

1) “Je suis bien dans mon bordel !”. On donne mille fois raison aux pros du binz, qui puisent dans cette façon anarchique d’aménager leur bureau / leur dressing / leur cabane de jardin un épanouissement teinté de liberté. Le regard désapprobateur des adeptes de l’ordre ? Ils s’en moquent, assumant sans rougir avoir presque besoin de ce capharnaüm pour se sentir bien. Et gare à ceux qui entreprendraient in situ un tri drastique ou une virée en déchèterie : chasse gardée, au risque d’être accusé d’ingérence.

2) “C’est ma façon d’être !”. Mieux : une or-ga-ni-sa-tion. La vôtre ! À mille lieues du sempiternel “Range ta chambre !” parental, certes, mais dans laquelle vous êtes le premier à vous repérer. Cette faculté à mettre la main en un temps record sur un avis d’imposition antique enfoui sous trois piles de magazines ou sur le couteau à huître planqué derrière un monceau de bougies chauffe-plat a même le don d’épater vos congénères. Un duo de chercheurs américains a d’ailleurs prouvé que les as du rangement mettaient 36% de temps supplémentaire par rapport aux autres à s’acquitter d’une tâche. Conclusion : vous pouvez être fier !

3) “Ça peut toujours servir…”. On parle ici du célèbre penchant à l’accumulation. Comme un écureuil amasse les noisettes, vous gardez certaines choses “au cas où”. Sans faire de vous pour autant une victime du syndrome de Diogène, cette tendance est tout simplement révélatrice d’un besoin d’être rassuré. Une autre façon de gérer votre anxiété, donc, mais aussi de vous éviter de devoir choisir entre “garder” et “jeter”. Mais – et, là, vous pouvez goûter votre plaisir … – quelle immense satisfaction le jour où vos enfants vous réclameront pour une soirée à thème votre masque maya qui prend la poussière ! Celui qu’ils avaient justement voulu bazarder six mois plus tôt. Victoire.

4) “Laissez-moi avec mes babioles !”. Un hibou en cristal auquel il manque un œil. Le ruban de satin récupéré à Pâques 2019. Un miroir de poche en étain rapporté du Népal. Un paquet de cartes de visite à votre nom (avec n° de téléphone à 7 chiffres, cru 1982). Superflus et inutiles ? Peut-être. Sauf pour faire vivre votre histoire, celle / celui que vous êtes, et tracer un joli trait d’union entre passé et présent. Après tout, ça dérange qui ?      

 

Et pour finir sur une note encore plus positive en hommage aux “imparfaits” que vous êtes, n’oubliez pas une chose : être désordonné, c’est aussi être plus adaptable. De mémoire de scientifique, on n’a encore pas trouvé mieux qu’un “cas” comme vous pour faire preuve d’imagination et se sortir d’une situation a priori inextricable pour le féru de rangement !