Aurélie Saada : “Il n’est jamais trop tard pour se faire kiffer”

Alors que le jeunisme et l’invisibilité des femmes de plus de 50 ans règne encore dans les médias, Aurélie Saada nous partage à travers son film Rose une vision extrêmement positive et enthousiaste de la vie, peu importe l’âge ! Une rencontre inspirante et un film vitamine, à découvrir d’urgence.

Quel est le pitch du film ?

Aurélie Saada : Rose, c’est l’histoire d’une femme, qui a l’aube de ses 80 ans perd son mari et réalise qu’elle n’est finalement pas juste une mère ou une grand-mère, mais qu’elle est une femme et qu’elle a le droit de jouir de son corps et de son désir jusqu’au bout de la vie !

Qui est Rose ?

Aurélie Saada : Rose, c’est une femme chaleureuse, douce, gourmande, interprétée par Françoise Fabian. Elle est absolument délicieuse ! En fait Rose, c’est un peu nous toutes…

Comment est née l’idée de ce personnage ? Qui t’a inspiré ?

Aurélie Saada : Je suis inspirée par plein de femmes. Je pense que je suis inspirée par ma mère, par mes grand-mères… Et en particulier par la dernière grand-mère de ma famille qui est venue dîner chez moi il y a cinq ans. On était réunis à une grande table qui mélange générations et cultures. Ce soir-là, elle venait de perdre son mari, elle était très triste. À cette même table, il y avait Marceline Loridan-Ivens qui est une rescapée de la Shoah. Et elle était une ultra-vivante ! Elle buvait de la vodka, fumait des pétards, elle parlait de sexe… elle était absolument géniale ! J’ai vu ma grand-mère être complètement hypnotisée par cette femme. J’ai senti que ses joues devenaient roses devant l’audace et la liberté de Marceline. Et ça, ça a été irrésistible pour moi ! J’ai eu envie d’écrire tout de suite cette histoire à la fin de ce dîner.

Qu’est-ce que ça raconte sur la femme de plus de 50 ans ?

Aurélie Saada : Le désir et la sexualité des femmes à partir d’un certain âge disparaissent complètement des médias et du cinéma. À la limite, on nous présente juste des grand-mères un petit peu loufoques, et encore. Avec ce film, j’ai voulu parler de la pluralité du féminin. Et puis de la complexité des combats intimes qu’on peut avoir entre être une mère et une grand-mère, mais rester une femme quand même et continuer à jouir de son désir, de son corps, de sa liberté jusqu’au bout de la vie. Donc, c’est un film qui est adressé aux femmes de plus de 50 ans, mais pas uniquement ! Je pense que les femmes de 20 ans, les hommes aussi, peuvent se réjouir de cette vision-là très libre et très optimiste.

Pourquoi c’était important pour toi de parler du désir féminin à tout âge ?

Aurélie Saada : C’était important parce que tant qu’on est vivant et qu’on a du désir, je trouve ça très triste de le cacher et de l’invisibiliser. On a été pendant des années dans une forme de jeunisme où le corps des femmes a été caché. Aujourd’hui, je crois que quelque chose est en train de se libérer et tant mieux, parce qu’a priori, vieillir c’est le chemin que nous prenons tous !

Il y a un dialogue du film qui dit “on s’en fout de l’âge, vieillir c’est ce qu’on a trouvé de mieux pour pas mourir !” Est-ce qu’il y a selon toi un âge pour se sentir vieux ?

Aurélie Saada : Je pense qu’on peut se sentir vieux très jeune ! Moi à 30 ans, quand le père de mes filles m’a quittée, j’ai eu l’impression que ma vie s’écroulait et j’ai cru que j’étais vieille ! Je pense que le sentiment de vieillesse n’est pas lié à l’âge, mais à l’image qu’on renvoie de soi et aux limites que l’on s’impose. Et d’ailleurs, ces limites sont souvent les pires ! Parce qu’on peut être son meilleur ami mais aussi son pire ennemi. Je crois qu’il faut vraiment essayer et tenter de se regarder dans le miroir avec un peu plus de tendresse.

Que l’on ait 30, 50 ou 60 ans, qu’est-ce que l’on doit retenir d’un film comme Rose ?

Aurélie Saada : Le message universel, c’est que chaque étape de la vie doit se dévorer. La vie a priori, on en a qu’une ! Et tout le temps que l’on a, c’est le temps qu’il nous reste… Donc il faut vraiment jouir de tout, en profiter, ne pas se limiter, ne pas se cantonner à une image qu’on aimerait que les autres aient de nous. Il y a des choses incroyables à vivre et à découvrir – de soi aussi d’ailleurs – ! rires.

Quel est ton rapport au temps qui passe ?

Aurélie Saada : Moi j’aime le temps qui passe. Plus on vieillit, plus on est riche. Riche de souvenirs, et les souvenirs sont des trésors. Plus on vieillit, plus on est sûr de soi aussi. On a de plus en plus d’humour sur ce qui nous arrive, sur la vie et je trouve ça chouette ! Je suis bien plus heureuse aujourd’hui qu’à 20 ans. Et même s’il y a des choses qui changent, des choses qui s’arrêtent, des choses techniques qui viennent nous rappeler que le temps a passé, et bien tant qu’on est vivant, il peut encore nous arriver plein d’aventures ! Moi, je suis en train de passer mon permis de conduire. rires. Et on me dit “mais pourquoi tu ne l’as pas passé à 18 ans ?” et je réponds “ben je ne sais pas, je n’avais pas envie à 18 ans et puis j’avais peur !”. Aujourd’hui j’ai 43 ans et je n’ai plus peur !

Pourquoi il faut aller voir Rose ?

Aurélie Saada : Il faut aller voir Rose parce que la vie en ce moment à quelque chose d’assez triste, et c’est un film vitamine ! C’est un film ultra-joyeux. Il y a des grandes tables, les personnages vivent… Il y a quelque chose d’extrêmement gai et généreux dans ce film, je crois.

Est-ce que tu peux terminer ma phrase : Rose, c’est un film sur…

Aurélie Saada : Rose, c’est un film sur les makrouds ! rires. Sur les bons repas, le féminin pluriel, la famille et l’aventure !

Il n’est jamais trop tard pour…

Aurélie Saada : Il n’est jamais trop tard pour se faire kiffer !

 

La bande-annonce du film :