Dans une vie où l’on est tous habitué à regarder loin devant soi, il arrive qu’on en oublie de jeter un œil dans le rétroviseur. Pourtant, pleurer à chaudes larmes sur un album-photos ou plomber un repas de famille en évoquant ceux qui ne sont plus là tout en se gondolant comme au bon vieux temps peut avoir du bon. Les psys sont unanimes : les souvenirs sont un réservoir de bonheur. Encore faut-il savoir s’en servir pour vivre mieux. Un mode d’emploi, ça vous dit ?
- Un souvenir, c’est quoi ?
En langage psy, les souvenirs forment ce qu’on appelle notre “mémoire autobiographique”. La bonne nouvelle, c’est que nous avons tous une, quel que soit notre âge. C’est même elle qui, au fil du temps, forge notre identité, façonne nos préférences, nos goûts, notre caractère, nos talents, mais aussi nos peurs. Traduction : si vous êtes un maniaque du rangement ou une phobique des souris, si la gravure sur bois n’a pas de secret pour vous et que vous n’êtes rassuré(e) qu’en arrivant à la gare 1h30 avant le départ du train, c’est qu’il a dû vous arriver quelques bricoles autrefois. Et c’est tant mieux.
- Pourquoi les souvenirs sont utiles ?
Sans eux – promis, juré! – impossible d’écrire notre destinée. Ils sont l’ingrédient indispensable au chemin que l’on trace toute sa vie durant. Ce que l’on a vécu avant détermine ce que l’on sera / aimera / détestera, comme le style de vie que l’on se choisira. Mais attention : si les bons souvenirs nous font avancer, les mauvais peuvent être un frein à notre évolution. Un tri s’impose, donc, mais vous avez interdiction formelle de tout mettre sous le tapis au motif que la nostalgie n’est pas votre tasse de thé.
- Comment bien s’en servir ?
Puisque les souvenirs donnent du sens à ce que nous sommes, il ne faut jamais hésiter à aller les chercher (excellent entraînement anti-Alzheimer, au passage!).
Que ce soit à travers une musique, un texte, le récit d’une anecdote, une image, une vidéo … : se rappeler d’un moment particulier nous renseigne sur l’émotion ressentie dans l’instant présent, décodeur et sous-titres inclus. Car – oui ! – il est sain de se rappeler que Bernard vous donna son premier baiser sur “Imagine” de John Lennon. Cerise sur le gâteau : si un souvenir que l’on croyait enfoui ressurgit à un moment précis, c’est que l’ascenseur de l’inconscient tourne à plein régime et qu’il a un message à délivrer, souvent constructif. Ne vous en déplaise, tous les souvenirs ont des énergies cachées.
- Faut-il ne garder que les bons ?
La nostalgie n’a rien d’un vilain défaut ! Réconfort, sérénité, … : elle est la maîtresse de cérémonie de tous les moments qui nous ont rendus heureux. Dans son livre “Vivre avec son passé. Une philosophie pour aller de l’avant”*, notre philosophe- chouchou Charles Pépin explique qu’il est possible de “se réchauffer à la flamme des bonheurs passés, savoir les faire revenir au présent jusqu’à effacer la nostalgie finalement et la remplacer par une mémoire vivante”. À vous, donc, les dîners avec les anciens du lycée ou de la fac, les cousinades hilarantes et les œillades avec d’anciennes amours, en pole position pour cultiver “l’avant”. Quant aux “mauvais” souvenirs, si cohabiter avec eux s’avère trop douloureux, il existe toujours une solution à l’efficacité démontrée : les “déposer” quelque part, après les avoir écrits sur une lettre et glissés dans une enveloppe. À vous de choisir leur sanctuaire !